Tout (ou presque) ce qu’on ne t’a jamais dit en cours d’éducation sexuelle

L’article qui suit n’a pas pour but de t’apprendre à coucher avec des meufs trans – un super zine existe déjà à ce sujet . Plutôt, il s’agit ici d’évoquer certaines des particularités propres aux corps et à la vie sexuelle des personnes trans – un sujet encore trop peu abordé lorsqu’on parle d’éducation sexuelle, qui génère de nombreuses angoisses.

Publié à la base le 30 juin 2022 sur le site de Jems, une entreprise produisant des préservatifs, cet article a été rédigé par les meufs derrière le compte @autogyniphiles_anonymous, sur Instagram. C’est avec l’autorisation de ces dernières ainsi que de Jems que Sœur Nath l’a traduit de l’anglais (États-Unis) le 6 juillet 2022.

En espérant que ça t’aide !

Les IST

À l’instar d’autres populations telles que les homosexuel.les et les personnes âgées, moins concernées par le risque de grossesse non désirée, la communauté trans voit davantage, globalement, circuler en son sein les infections sexuellement transmissibles (IST). Plusieurs raisons peuvent expliquer cet état de fait, parmi lesquelles, donc, le fait que ses membres ont moins de risques de tomber enceint.es sans l’avoir choisi au préalable ; ensuite, une plus grande promiscuité sexuelle caractérise cette population ; par ailleurs, ses membres ont davantage tendance à tirer leurs revenus du travail sexuel ; enfin, considérant qu’iels sont nombreux.ses à avoir été victimes de traumatismes, iels sont plus susceptibles aussi d’avoir des pratiques sexuelles à risques. Le fait que les ressources en éducation sexuelle ne s’adressent pas ou peu aux populations trans n’arrange rien.

Bien qu’il soit important de faire connaître les moyens de se protéger, de se faire tester ou d’accéder à tout autre service essentiel dans la prise en charge d’une IST (au-delà juste du VIH/SIDA), il faut faire plus que de la simple prévention. Notamment, il faut aussi déstigmatiser les IST. Ainsi, nous évoluons dans des sociétés qui ne nous apprennent rien au sujet des IST, sinon qu’il faut avoir peur d’attraper une IST, et honte d’en avoir attrapé une. Et ce, alors même qu’on peut continuer à vivre et à avoir une vie sexuelle après avoir attrapé l’IST la plus dangereuse qui soit, pour peu que celle-ci ait été correctement diagnostiquée et traitée. Et pour ce qui est des autres IST, la plupart se résument à des affections cutanées. En vérité, si les IST font aussi peur et sont encore un sujet tabou, c’est bien plus parce qu’elles ont trait au sexe et aux organes génitaux que parce qu’elles sont dangereuses en elles-mêmes. De fait, ce n’est pas parce que tu en as attrapé une que ta vie va s’arrêter.

Les préservatifs

Impossible de parler de protection durant le sexe sans parler de préservatifs, en particulier externes. Cela étant, pour beaucoup de personnes trans, ces préservatifs posent problème. Tout d’abord, de nombreuses personnes transféminines ont du mal à bander, voire même ne veulent pas bander – sans parler du fait que, même bandé, le pénis d’une transfem n’est souvent pas des plus dur. En conséquence de quoi, il peut être difficile pour nombre d’entre elles d’enfiler un préservatif, et plus encore de le garder en place durant l’acte. Par ailleurs, certaines font également part de ce que le fait de mettre un préservatif les fait dissocier et/ou débander. Il existe des techniques, néanmoins, pour les transfems qui désireraient quand même se protéger lors de rapports génitaux.

Par exemple, il peut être plus facile d’enfiler un préservatif si l’on en prend un d’une taille supérieure à celle que l’on prend d’habitude (si cela est possible), ce qui permet non seulement d’atténuer la sensation d’inconfort, mais aussi de moins se focaliser sur son pénis sitôt qu’il est mis, considérant qu’il est moins serré. Cela étant, le fait juste d’acheter un préservatif « taille XL » peut être à l’origine chez certaines personnes d’un sentiment de dysphorie – [sans parler du fait qu’un préservatif trop large peut plus facilement tomber, et donc ne plus avoir aucune utilité, nldt].

Sur les pénis mous, il est aussi possible d’utiliser une digue dentaire – digue dentaire que l’on peut d’ailleurs facilement faire soi-même à partir d’un préservatif, ces derniers étant plus facilement trouvables sur les stands de prévention ou en pharmacie et grande surface que les premières.

Enfin, les préservatifs avec des goûts, couleurs ou motifs qui sortent de l’ordinaire ont tendance parfois à diminuer le sentiment de dysphorie. Dans tous les cas, parles-en avec ta.on (tes) partenaire(s) et voyez ce qui vous va le mieux !

Le lubrifiant

Si tu aimes pénétrer et/ou te faire pénétrer, il y a des chances pour que tu connaisses déjà bien le gel lubrifiant. Savais-tu cependant qu’à certains égards, il peut être plus qu’indispensable à certaines personnes trans ?

S’agissant des personnes transféminines ayant fait une vulvo- ou une vaginoplastie, par exemple, pendant au moins un an après l’opération, celles-ci doivent utiliser chaque jour des quantités impressionnantes de lubrifiant afin d’insérer les dilatateurs dans leur néo-vulve/vagin. Dans ce cadre, il est important d’utiliser un gel lubrifiant de bonne qualité, sans goût ni parfum particulier, avec le moins d’additifs possible, et ce, afin d’éviter les irritations et de potentielles complications durant cette période. De plus, si tu fais partie de ces transfems et qu’avec ta.on (tes) partenaire(s), vous voulez vous protéger durant la pénétration, vous avez tout intérêt à utiliser, sur votre préservatif, un gel d’aussi bonne qualité. Les gels lubrifiants utilisés en hôpital sont souvent les meilleurs, mais il en existe de moins chers sur le marché : les gels K-Y, par exemple, ont tendance à avoir de bons retours, encore que certaines personnes déclarent avoir déclenché de fortes réactions allergiques après les avoir utilisés. De façon générale, si vous partez sur un gel lubrifiant non médical, vous allez sans doute devoir en essayer plusieurs avant de trouver le bon.

Quant aux transmascs, il se peut également que le lubrifiant viennent à occuper une place de plus en plus prépondérante dans leur vie sexuelle, selon qu’ils prennent ou non de la testostérone et quels effets cela entraine sur leur lubrification de base. Ainsi, certaines personnes transmasculines déclarent avoir eu besoin soudainement d’en utiliser beaucoup, tandis que d’autres disent le contraire. Dans tous les cas, écoute ce que te dit ton corps.

Le pénis féminisé

S’il semblerait que toutes les personnes ou presque qui s’intéressent un tant soit peu au sexe trans aient entendu parler de la sensation qu’il provoque en bouche (le fameux « mouthfeel »), s’agissant des effets d’un traitement hormonal de substitution (THS) féminisant sur le pénis, d’autres aspects méritent d’être évoqués.

À commencer peut-être par le plus important pour beaucoup de transfems : le fait que, souvent, le pénis ne ressent pas les mêmes sensations, ni n’est émoustillé par les mêmes types de contacts que lorsqu’il n’est pas sous THS féminisant. Pour découvrir tout cela cependant, il va te falloir expérimenter ! Par ailleurs, sont également susceptibles de changer la couleur, la consistance, la quantité et le goût de ce que produit ce pénis. Si tu es toi-même sous THS féminisant, tu as peut-être aussi remarqué que tu « mouillais » quand tu étais excitée. Enfin, ainsi que cela a déjà été décrit précédemment, il se peut qu’il te soit plus difficile de bander – qui plus est bander dur.

Avec un THS féminisant, la peau du pénis a tendance aussi à devenir plus douce et plus sensible, ce qui peut certes être source de nombreux plaisirs, mais peut aussi occasionner des irritations à force de frottements. Si tu en as, pas de panique ! Il te suffit d’utiliser du lubrifiant pour éviter à l’avenir d’en avoir de nouvelles.

De façon générale, la plupart des personnes transféminines apprécient les changements que provoque le THS sur leur pénis, et si ça n’est pas ton cas, vois avec ta.on médecin afin d’en ajuster les effets.

La chatte masculinisée

Les effets de la testostérone sur la chatte sont très souvent similaires, quoique inverses, aux effets qu’ont les œstrogènes sur le pénis.

Par exemple, il arrive que des chattes masculinisées non seulement changent de couleur (certaines tirant de plus en plus sur le blanc), mais mouillent aussi différemment.

De la même manière, si celles-ci peuvent augmenter ou diminuer, la plupart des transmascs déclarent que les sensations qu’ils ressentent au niveau de leur chatte sont « masculinisées », et aussi qu’ils atteignent plus facilement l’orgasme. Certains d’entre eux déclarent aussi ressentir leurs orgasmes moins dans tout le corps que dans la seule zone génitale. Par ailleurs, les personnes transmasculines disent parfois être davantage excitées, et le ressentir aussi davantage, depuis qu’elles prennent de la testostérone.

Enfin, le risque existe, si tu prends de la testostérone, pour que ta chatte s’atrophie – rien toutefois qui ne puisse être réglé en ajustant ton traitement de façon localisée. Pas la peine, donc, de trop t’inquiéter.

La chirurgie d’entre-nos-jambes

Anciennement désignées comme autant d’opérations de « changement de sexe », les opérations concernant nos entrejambes font aujourd’hui partie de ce qu’on appelle la chirurgie de réassignation sexuelle (CRS). Par ailleurs, de plus en plus de personnes parlent de « chirurgie d’affirmation du genre » (gender-affirming surgery), et ce, bien que ce dernier terme puisse également inclure d’autres opérations.

S’agissant des personnes transféminines, il existe trois opérations principales : avec cavité, sans cavité et rectosigmoïde. Tandis que la première inclut la formation d’un canal vaginal, ce n’est pas le cas de la deuxième, quand bien même celle-ci donne à voir un extérieur tout aussi réaliste que l’autre. Quant à la troisième opération, elle inclut également bien la formation d’un canal, mais utilise pour ce faire des bouts du côlon, laissant le pénis intouché, ce qui lui vaut d’être surnommée la « futa » – [en référence aux futanari, personnages particulièrement présents dans la pornographie japonaise et présentant une vulve et un pénis, ndlt].

Pour ce qui est des personnes transmasculines, il existe pléthore d’opérations, souvent réalisées conjointement, parmi lesquelles : l’urétroplastie (allongement de l’urètre), l’hystérectomie (ablation de l’utérus), l’ovariectomie (ablation des ovaires), la vaginectomie/colpectomie (ablation du vagin), la scrotoplastie/oschéoplastie (formation de testicules), la métaidoïoplastie (formation d’un pénis par allongement du clitoris) et, bien sûr, la phalloplastie (formation d’un pénis).

Les kinks et la dysphorie

Ce qu’une personne trans appelle « sexe » peut varier du tout au tout, en fonction non seulement de la personne qui parle, mais aussi du.de la partenaire à qui elle s’adresse et de la situation dans laquelle elle se trouve. À côté de ça, tout ce qui, dans nos sociétés, ne rentre pas dans la catégorie sexe génital est considéré comme relevant d’un kink ou d’un fétiche. En effet, l’on a tendance à présumer qu’il n’y a de sexe que si des organes génitaux sont impliqués.

Si c’est le cas notamment de celles qui éprouvent de la dysphorie à l’égard de leur entrejambe, de nombreuses autres personnes trans prennent leur pied en pratiquant des actes qualifiés de kinks. De fait, il s’agit souvent là d’une manière inventive et excitante d’interagir avec sa.on (ses) partenaire(s), qui, lorsqu’on n’a pas envie de faire comme tout le monde fait et nous dit de faire, permet quand même d’être à l’aise dans les moments d’intimité. Et si ce n’est pas ton truc à toi, tâche de garder en tête qu’il y a dans le monde tout un tas de personnes qui expérimentent et s’amusent de façon consentante avec les kinks – sans parler du fait que la plupart des kinks n’ont rien à voir avec ce que tu as pu voir à la télé ou dans les films. Aussi, garde tes jugements pour toi, débarrasse-toi de ta honte et fais ce qui est le mieux pour tout le monde, toi compris.e.

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